La longue carrière d’Arata Isozaki est l’occasion d’étudier son interprétation des utopies urbaines d’après-guerre et de l’architecture post-moderne. Né en 1931 à Ōita au sud du Japon, le lauréat 2019 du prix Pritzker (l’équivalent du prix Nobel d’architecture) n’a cessé de renouveler son style.
Le Japon dévasté d’après-guerre et les utopies urbaines
Quand, à la fin de la seconde guerre mondiale, Arata Isozaki envisage de suivre des études d’architecture, 40% de la superficie des 66 villes japonaises victimes des bombardements sont détruits. Au total, 2,5 millions de logements sont perdus et 8,5 millions de personnes se retrouvent sans-abris.
Ma première expérience en architecture a été le vide d’architecture. J’ai commencé à réfléchir à la manière dont les gens pourraient reconstruire leurs maisons et leurs villes.
La crise de surpopulation qui en découle associée à l’expansion urbaine, au développement de la consommation de masse et aux nouvelles technologies donnent naissance dans les années 50 à 70 à des courants architecturaux comme le brutalisme européen et le métabolisme japonais. Ces courants sont motivés par l’utopie d’une société plus juste et plus fonctionnelle.


Le post-modernisme
A partir de la fin des années 70, Arata Isozaki excelle dans le mouvement architectural du post-modernisme. Il intègre dans ses constructions des formes ludiques, des couleurs, une intention de jouer avec le public et des références à la pop-culture et aux styles architecturaux anciens (que l’architecture moderne avait bannis).
Devant le musée d’art contemporain de Los Angeles, il décide ainsi de construire du faux sable du désert et des pyramides égyptiennes ; la bibliothèque centrale de Kitakyushu ressemble à un gros serpent verdâtre tandis que son centre de conférence a des airs de bonhomme Lego.
Géométrie et lumière
Dans ses travaux récents, Arata Isozaki joue toujours autant avec les formes géométriques, mais semble donne donner une importance nouvelle à la lumière : usage de verre, murs ajourés, structures légères nous éclairent sur la finesse de son travail.
École Weill Cornell, Doha (2004) Bureau D38, Barcelone (2012) Tour Allianz, Milan (2015) Entrée de la galerie Uffizi, Florence (à venir) Gare centrale, Bologne (à venir)